C’est complètement par hasard, en nous promenant sur le marché de Apt, en cet été 2015, que nous avons eu l’heureuse surprise de découvrir Alex et son Food Truck Végétarien. Autant dire que nous avions très envie de l’interviewer!
Nom : Alex
Nationalité : française
Age : 38 ans
Domicile : Simiane la Rotonde (Alpes de Haute Provence)
Activité : cuisinière
Passion(s) : Arts plastiques – cuisine – jardinage
Situation : en couple depuis 20 ans
Enfants : 2 enfants de 19 et 16 ans
Qui es-tu Alex?
Je suis une femme qui a besoin d’exprimer sa créativité, quelque soit le domaine exploité. Observer, faire et fabriquer sont mes principaux objectifs, et lorsque j’ai une idée, je tente de mettre en œuvre. C’est ainsi que j’ai pu cheminer d’artiste plasticienne à cuisinière, en passant par le jardin…
D’origine méditerranéenne, et provençale, j’ai le goût pour les saveurs de ce coin du monde. J’ai aujourd’hui développé mon activité de cuisinière ambulante avec des formules végétariennes ou végétaliennes, privilégiant les produits bio et/ou locaux, frais, et une cuisine 100% maison. Je propose des tartes aux légumes et fromages, des chaussons indiens épicées (vegan), toutes les semaines un plat du jour (végétalien et souvent sans gluten) différent qui sera élaboré en fonction du marché/jardin et de mon humeur (provençale, épicée, africaine, asiatique, franchouillarde…), et des douceurs à base de fruits, ou chocolat, mon péché mignon.
Une confidence pour les1001vies?
Je n’ai qu’un regret en faisant mon métier : ne plus avoir assez de temps pour me consacrer aux arts plastiques …activité développée pendant une dizaine d’année.
Comment est né ton projet de Food Truck?
L’histoire de la cuisine mobile a pris ses racines il y a longtemps, à Marseille. Une grand mère provençale qui a toujours considéré qu’elle devait apprendre les bases de la cuisine à sa seule petite fille, un goût prononcé et une grande curiosité pour cet art, un passage au lycée agricole de Digne les Bains où j’ai rencontré l’homme avec qui je vis actuellement et qui m’a initié il y a 20 ans au végétarisme. Et là c’est parti ! J’ai rencontré une foule de personnes intéressantes, du végétarien au végétalien extrémiste*, des jardiniers audacieux** me révélant l’existence de légumes et herbes aromatiques insoupçonnés et toutes sortes de cuisinier(e)s ouverts au partage. Mon compagnon m’a aussi appris l’art du jardin, de la production de légumes à la création paysagère et tout ce qui est propice à la contemplation…. en lien direct avec mon métier de cuisinière… N’ayant pas assez de fond pour ouvrir un restaurant ou une auberge, j’ai longtemps pensé à la restauration ambulante. Et en 2013, j’ai fait le grand saut, angoissée de l’éventuel échec de ce projet presque trop audacieux pour une petite ville comme Apt. J’ai décidé de ne pas annoncer le coté végétarien et végétalien de ma cuisine pour ne pas faire fuir les plus réfractaires à ces régimes. Et ça a marché ! Non seulement des non végétariens consomment avec plaisir ma cuisine mais en plus j’arrive à contenter les végés du coin qui n’ont pour l’instant que La Cuisine Mobile pour proposer ces genres de menu. Et le bouche à oreille a bien fait son boulot !
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*pour moi le végétalisme n’est pas une forme extrémiste d’alimentation. J’ai cependant pu rencontrer des personnes végétaliennes allant jusqu’à refuser ma nourriture, pourtant végétale, sous prétexte que ça aurait cuit dans un milieu et avec des ustensiles dont ils ne connaissaient pas toutes les origines ou les intentions des personnes les ayant utilisés. De même qu’un cuisinier m’ayant appris la cuisine des brahmanes a pu me surprendre avec cette notion d’intention : ainsi, une personne s’étant trompée en jetant des légumes épluchés dans le compost, les confondant avec des déchets devait tout recommencer, même si les légumes n’avaient pas été souillés. Il y en avait pourtant une énorme quantité et le temps nous manquait, mais il a fallu tout jeter! C’est une histoire d’intention, cela peut nous dépasser, mais j’arrive à le comprendre.
** J’ai découvert le jardin de Jean Luc Danneyrolles à Saignon (84) : Le Potager d’un Curieux, où mon compagnon a appris son métier pendant 6 ans. Univers riches en couleur, en saveurs, en odeurs, en rencontres et en pensées utopiques, me dirigeant il y a 20 ans vers un autre état d’esprit.
Qu’évoquent en toi ces 3 sujets :
Voyager :
Forcément, pour moi voyager évoque les découvertes culinaires. Je m’intéresse pourtant à une multitude d’autres choses, mais les manières de s’alimenter et de cuisiner sont tellement différentes d’une région ou d’un pays à l’autre ! Il y a déjà la France qui est un pays fabuleux pour ces différences tellement marquées dès qu’on a franchit les départements ou les régions. Il ne faut pas aller bien loin pour découvrir ! Et en Europe, il y a l’Italie, pays riche au niveau des variétés de légumes et aromatiques qui m’offre un régal autant pour les papilles avec leurs recettes simples et goûteuses que pour les yeux avec leurs nombreux jardins. Pas étonnant que les italiens me donne cette impression de joie extravertie…L’Espagne et ses tapas végétariens, ses bars où on peut manger à toute heure du jour ou de la nuit, dans la moindre petite ville, cette ambiance festive … Il y a eu aussi le Maroc, découverte d’un pays grandiose et tellement différent d’un bout à l’autre , et d’un savoir faire culinaire incroyable.
Évidemment, chaque voyage me précipite dans ma cuisine une fois rentrée chez moi, pour reproduire ce que j’ai aimé et goûté. Mais je ne suis pas une monomaniaque non plus, j’aime observer l’architecture autant que l’artisanat, les façons de vivre des Hommes ou la nature environnante…Le principe de La Cuisine Mobile est également de voyager, même si finalement je me retrouve toujours dans le même secteur de travail. Aller à la rencontre de mes clients et leur offrir ma cuisine s’inspirant de toutes mes découvertes d’ici, d’ailleurs, de mes nombreuses rencontres ou de ma créativité vagabondante. Je m’accompagne de musique toute la journée, c’est également ma manière de voyager, musiques traditionnelles de tous pays, techno, rock, classique….viennent ponctuer le chant des cigales. Les livres, de cuisine ou romans de toutes sortes, les bandes dessinées ….m’apportent tout ce que mes obligations qui me sédentarisent me font manquer. Et merci à internet d’être là!
Changer de vie :
c’est une chose qui se fait doucement, au fil du temps, pour arriver à s’acclimater aux changements et à les intégrer. Je ne suis pas pour les changements brusques, ils sont souvent éphémères…. J’ai pourtant changé radicalement de vie à 17/18 ans, devenant mère de famille, changeant de lieu et de façon de m’alimenter …adolescente, je n’avais plus le goût pour la nourriture, ne mangeant que peu (principalement des oranges!), j’ai du réorganiser tout ça dans ma tête. Ne plus manger seulement parce que mon corps devait être maintenu en vie mais parce que c’était aussi un plaisir. Ma première rencontre avec un végétarien a été plutôt décisive ; quelques morceaux de tofu bien cuisinés, des légumes du jardin et une céréale complète, assaisonnés de tamari, huile d’olive et gomasio (magique!), le tout joliment placé dans un bol pour donner l’aspect esthétique qui m’est devenu si cher, et le tour était joué : j’ai reconsidéré la question de l’alimentation. Et petit à petit j’ai adopté cette nouvelle façon de faire, faisant coïncider mes connaissances avec ces nouveaux concepts.
En devenant maman, la question de l’alimentation est devenue une priorité, je me suis largement documentée, faisant de plus en plus de rencontres et de trouvailles, cela m’a amené à un mode de vie immédiatement plus sain, choisissant ma façon d’accoucher (chez moi et magnifiquement accompagnée), d’allaiter, de nourrir mes enfants, de consommer, et de penser de manière générale. J’ai ainsi pu trouver ma place en tant que mère mais j’ai aussi pu développer mon activité de plasticienne, qui ne me faisait pourtant pas vraiment gagner ma vie. En complétant cette activité par une place de vendeuse sur le marché d’Apt pour un producteur et revendeur de fruits, légumes, et produits d’épicerie bio pendant une dizaine d’année, j’ai pu faire un tas de rencontres, m’habituer au métier de commerçante et prendre un véritable plaisir à cet échange humain. C’est en amenant tous les samedi matin un petit déjeuné de tarte ou gâteau à mon patron (trèèèès gourmand!) qui se pâmait de bonheur (de manière presque théâtrale pour en faire profiter tout le monde !), que l’idée de vendre ma cuisine sur le marché ou ailleurs m’est venue. Il y a environ 3 ans, j’ai décidé de mettre en place La Cuisine Mobile. Passer de la solitude de mon atelier d’artiste à la cuisine ambulante était une sorte de défit à relever. Mais dès la première sortie de mon camion sur le marché, j’ai su que c’était un métier pour moi !
Végétarisme :
En 20 ans, je suis passée de omnivore à végétarienne, puis végétalienne, puis re- végétarienne et lorsque mes enfants ont voulu goûter la viande, je ne me suis pas opposée, au sein même de ma maison. Je n’ai plus d’idée toute faite sur le végétarisme, et pourtant je suis sure que c’est ce qui me correspond le mieux.
Passionnée par les saveurs des légumes, des fruits, des aromatiques, et tout ce qui peut composer les menus d’un végétalien, je n’en reste pas pour autant fermée à l’utilisation des œufs et des fromages (sachant pourtant quel impact cela peut avoir sur ma santé pour les produits laitiers et sur les conditions animales). Mon projet professionnel m’a permis de faire découvrir à un large public que les menus végétariens/liens pouvaient être savoureux et multiples, que ça ne s’arrêtait pas à la simple bouillie de riz complet et d’azuki insipides (vu pour de bon dans des resto macrobiotiques!!) et que la gastronomie pouvait en faire partie.(sans prétention!)
Et puis il y a la condition animale ; comment peut on encore accepter la façon barbare de traiter les animaux avec qui nous ne pouvons plus nous positionner comme supérieurs, maîtres et propriétaires ! Sans parler de l’impact écologique!! Je ne saurais pas dire si l’Homme est fait ou pas pour manger des animaux, mais une chose est sure : il ne peut plus se placer en tortionnaire. (élevages intensifs et brutaux, abatages cruels, etc…)
Le végétarisme m’a aidé à me placer dans ce monde vis à vis de tout ce qui est vivant : rien ne m’appartient, pas plus les végétaux que les animaux ou les humains. J’ai tout de même rencontré des éleveurs respectables et je fais attention de ne pas mettre tout le monde dans le même panier. Je ne veux surtout pas être sectaire. C’est aussi en devenant végétarienne que, à la limite de l’anorexie, j’ai repris goût à la nourriture, il y a…bien longtemps maintenant !! Ça m’a amenée à comprendre ce qu’était une alimentation simple mais goûteuse, loin des plats pré-cuisinés industriels et des schémas sur l’équilibre des repas imposés depuis la petite école (qui me paraissent aujourd’hui une hérésie). Et puis sinon, j’aime tellement observer et admirer les animaux que je ne concevrais pas à ce moment là qu’ils soient dans mon assiette…
Mon planning : pour me retrouver avec mon camion, il suffit de venir le samedi matin sur le marché d’Apt (place Jaurès d’avril à octobre et place du Septier d’octobre à avril) et le vendredi dans la zone industrielle d’Apt à côté du magasin « LUBERON BIO » entre 11heures et 14 heures 30. Les autres jours sont pour les commandes spéciales (camion dans un jardin particulier pour un repas entre amis ou autre « privatisation »…), les événements (concerts, festivals,…), les catering (tournages, groupements de commerçants…). Pour plus d’info, j’essaie de tenir à jour la page Facebook de La Cuisine Mobile pour avertir des changements de programme.
Une réponse sur « Alex et son Food Truck végétarien »
Très bel article.
J’aime beaucoup ce discours simple et modéré sur le végétarisme/lisme.
Merci pour le partage