Rizière et cocotier
Si Bali n’est pas, seulement, une île sur laquelle les vacanciers séjournent pour profiter uniquement des cocotiers, c’est en grande partie en raison de ses magnifiques territoires et notamment de ses rizières en terrasses. Elles sont célèbres de part le monde entier pour leur beauté, leur conception, leur « architecture » mais également pour le système unique et particulier d’irrigation reconnu comme étant « the best in the world« . Quand on sait que le riz est aux asiatiques plus que ce que le pain est au français alors on comprend pourquoi le moindre lopin de terre, y compris en ville, se transforme en rizière. Malheureusement depuis quelques années la tendance s’inverse et ce sont les rizières qui se transforment en terrain cultivable… Etant donné, en plus, qu’une grande partie de la production de l’île ainsi que les meilleures variétés, est exportée les autorités sont obligées d’importer à leur tour la précieuse céréale pour nourrir le peuple… Les balinais désignent le riz de trois façons différentes : « padi » pour la plante cultivée, « beras » pour la graine non cuite et « nasi » pour le riz que l’on mange. Mais le riz restera-t-il encore le grenier balinais pour longtemps?
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Du riz
Le nasi goreng (riz frit) est quasiment le plat national. La recette de base se compose de riz cuit à l’eau puis revenu au wok, d’épices, de sauce soja, de quelques légumes, de blanc de poulet, d’un oeuf au plat ou battu en omelette. Le tout est accompagné dune sauce pimenté que l’on appelle « sambal » et qui contient ou non du poisson. La version végétarienne exclut le blanc de poulet pour privilégier les légumes (et sans oeuf bien sûr pour les végétaliens). On ajoute à cette recette de base divers ingrédients pour en faire un plat plus complet. Pour les végétariens ce sera du tempeh, du tofu, des légumes en quantité et pour les autres, du poisson, des crevettes ou du porc. Dans les warungs il y a toujours le nasi goreng au menu et aussi le « mie goreng », qui est la même chose mais avec des nouilles chinoises (mie = nouilles). Pour la petite histoire, il n’est pas rare que lorsqu’on vous propose des nouilles on vous serve aussi une portion de riz avec… C’est dire à quel point le « nasi » est présent dans l’alimentation. Nos recettes préférées riz sont les petites douceurs sucrées comme les Bubuh Injin (riz brun au lait de coco), les Klepon (boulette de riz fourrées au sirop de sucre et enrobés de copeaux de noix de coco râpée) et autres spécialités comme les Jajan Bantal, les Jaja Uli ou les Lak lak!
Des hommes
Bon, on s’est un peu écarté du sujet : la rizière. La culture du riz se pratique ici depuis plus de 10 siècles. Les plantations se font 2 à 3 fois par an et sont gérer par une communauté agricole dans chaque « banjar » (sorte de conseil communal) qui se nomme le « subak ». Cette institution coopérative très ancienne fut développée pour gérer l’irrigation des rizières dans l’esprit philosophique d’une relation harmonieuse entre les hommes, la nature et les esprits. C’est sans doute son efficacité et cet état d’esprit qui font que le subak est aujourd’hui inscrit sur la liste du patrimoine de l’UNESCO. Malheureusement l’utilisation massive de pesticides et autres produits chimiques est devenu chose courante et ne respecte plus la nature… Les emballages sont souvent abandonnés sur place ou jetés à la rivière. La pollution de l’eau est telle que tout le monde s’accorde à Bali pour dire que le Bio est pratiquement impossible à obtenir. Loin de cette réalité quotidienne, sur l’île des dieux, le riz est considéré comme un présent divin. Alors on continue de pratiquer cérémonies et offrandes pour remercier et honorer les divinités. Plusieurs petits temples ou autels sont construits dans les champs. Au bord du lac Batur le « Pura Ulun Danu Batur » est le plus important temple dédié à Devi Batari Ulun Danu, la déesse des lacs et des rivières.
Pendant la pousse, les champs sont remplis d’épouvantails pour dissuader les oiseaux de grapiller les récoltes. Il y a quatre variétés principales : le riz blanc, le gluant, le rouge et le noir. Les paysans utilisent des élevages de canards pour améliorer le rendement. Ils ne touchent pas aux jeunes plants mais ils nettoient les plantations, se nourrissent de « mauvaises » herbes, d’insectes, de limaces… Les canards sont dirigés en bande à l’aide d’un simple chiffon attaché au bout d’un bâton. En piétinant la vase ils facilitent l’enracinement et évite à l’eau de trop stagner.
A Bali, il existe des centaines d’endroits pour contempler de belles terrasses de rizières et pour s’y promener . Nous ne vous avons livré ici que quelques photos d’une randonnée sur le site de Tegalalang, au nord d’Ubud.